Lorsque ventre et cerveau dialoguent… des molécules sont libérées par les cellules intestinales ou adipeuses et agissent sur le système nerveux central, qui lui-même sécrètent d’autres molécules qui agissent à leur tour sur la prise alimentaire et sur le poids corporel, c’est ce que l’on appelle l’axe intestin/cerveau. Lorsque le bol alimentaire arrive dans le système digestif, il stimule des récepteurs de la paroi gastrique provoquant la sécrétion de molécules (neurotransmetteurs) qui entraînent la satiété et favorise la diminution de la prise alimentaire. Par exemple, la leptine, hormone synthétisée par les cellules adipeuses pour maintenir le corps à un poids constant, fournit au cerveau les informations concernant les réserves graisseuses mais aussi les apports énergétiques. Elle est l’hormone messagère de la satiété. A l’inverse lorsque la prise alimentaire doit être stimulée, c’est la ghréline, qui est sécrétée par le système digestif.

En plus des molécules sécrétées par le système digestif, la flore intestinale appelée microbiote composée de milliards de bactéries, peut également être en communication avec le cerveau et aurait une influence sur le comportement, notamment parce que 80% de la sérotonine y est sécrétée. C’est un neurotransmetteur qui joue un rôle primordial dans le fonctionnement du cerveau essentiellement au niveau de l'humeur, de l'émotivité ou du sommeil. Un déséquilibre du microbiote pourrait entraîner des maladies ou des troubles relationnels. Il est unique et personnel car il s’est développé dans la petite enfance en fonction des aliments ingérés, puis la colonisation des bactéries a été entretenue par notre alimentation. Son rôle est aussi de dégrader ce que notre organisme ne sait digérer tels que les fibres par exemple.

Pourquoi parle-t-on d’addiction quand nous évoquons les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA : Anorexie, Boulimie, Hyperphagie) ? L’addiction est une perte de contrôle qui devient envahissante et obsessionnelle. En cas de boulimie (personne qui mange par crise ou pulsion) ou d’hyperphagie (personne qui mange sans pouvoir s’arrêter) manger est un plaisir qui apaise, sur le moment. La perte de contrôle est facile à appréhender. Mais pour l’anorexie mentale, c’est plus difficile puisque l’addiction est une perte de contrôle du contrôle que l’on exerce sur son corps, avec grâce au jeûne, une sécrétion d’endorphine qui procure une sensation de bien-être, de plaisir. Une fois ne suffit pas pour devenir addictif, néanmoins il faut savoir repérer les changements d’habitudes, de mode de vie et s’inquiéter, notamment pour les adolescents, entre autres lorsqu’une une coupure avec les copains survient ou que des aliments sont de plus en plus exclus de l’alimentation.

Il n’existe pas de traitements médicamenteux contre les TCA ni de psychothérapie spécifique, c’est du cas par cas et cela dépend beaucoup du patient et de ses croyances. Pour l’anorexie mentale qui est une « maladie du déni », il faut faire accepter les soins au malade dans un premier temps et cela suppose que la maladie soit reconnue par la personne, elle même. Pour cela, il ne faut pas hésiter à, poser des questions aux médecins, spécialistes, associations… chercher des informations, des outils thérapeutiques pour trouver le levier menant aux soins, car le malade ne peut s’en sortir seul. La prise en charge doit être pluridisciplinaire avec une équipe de soignants (Médecin généraliste, Psychiatre, Psychologue, Infirmier, Diététicien, Groupe de paroles) ainsi que les proches parce qu’il est important qu’elle soit abordée selon trois axes, physique, psychologique et psychiatrique.